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Equipement public scolaire / sportif

Pôle Enfance de Bouvron - Atelier Belenfant Daubas

Contexte, site et parti architectural

La commune initie en 2010 une nouvelle méthode de réflexion pour travailler sur le pôle enfance. Accompagnés du cabinet Wigwam Conseil, les élus mettent en place un Processus de Conception In­tégré (PCI), démarche de concertation originaire du Canada. Par l’appropriation collective et l’échange de savoir-faire, une aven­ture humaine unique débute pour créer un équipement innovant, énergétiquement performant et au coût réduit. Réunis en ateliers, en­fants, parents d’élèves, élus, architectes, paysagistes, chauffeurs de cars, aides maternelles ainsi que le cuisinier, le psychosociologue et le thermicien, vont ques­tionner le programme et le faire évoluer. Ils décident d’agrandir l’école de 7 à 14 classes. Les locaux existants sont réhabilités, agrandis et en partie reconvertis en accueil périscolaire et de loisirs. Un bâtiment neuf est construit pour les 7 nouvelles classes. Les architectes l’assument, il ne s’agit pas ici d’une « architecture de revue qui parle d’elle-même ». Le projet ne se caractérise pas par des formes ou des matériaux excep­tionnels, mais respecte un ancrage dans son environnement rural par son mode constructif, son volume et le soin apporté à ses espaces extérieurs.

Intégration dans le site et le territoire

Sous une structure métallique de type hangar agricole, l’ossature bois non porteuse laisse libre l’aménagement intérieur. Le choix de matériaux écologiques et locaux se voit dans l’emploi de la terre crue - issue du site pour des cloisons intérieures (mises en place grâce à des chantiers d’insertion) - ou d’essences de bois de l’Ouest de la France.

Le pôle enfance se distingue également par ses espaces extérieurs : coin terrasse arboré pour le repos, bacs à jardiner, sols paillés d’écorces, abords dédiés au pâturage pour les vaches, parking optimisé pour être aussi piste d’athlétisme, terrain de basket-ball ou mare pédagogique.

Au-delà de l’implication des acteurs de ce projet, il faut souligner les efforts d’une commune engagée depuis 15 ans dans une démarche de développe­ment durable. La démarche d’architecture participative utilisée ici, présentée à la Biennale internationale d’architecture de Venise en 2016, est une première en France pour un bâtiment public. Elle a séduit Frédéric Bonnet et Lucie Niney, commissaires de l’exposition française : « Dans le contexte réglementaire actuel, cette expérience est un miracle salutaire et l’on pr­essent le courage qu’il fallut mobiliser - architectes, mais aussi citoyens, élus et entreprises - pour résister à l’habitude » écrivent-ils dans leur manifeste « Nouvelles richesses ».

Valorisation des savoir-faire et de l’économie locale

Tout a été prétexte pour relier les gens, les habitants, les élèves, le cuisini­er, les enseignants. Le chantier a été l’occasion de provoquer une vérita­ble synergie en mettant en place un chantier de formation pour maçon en écoconstruction. Cette formation s’est appuyée sur la réalisation des murs en bauge et coupoles à l’intérieur de l’école, d’autres acteurs se sont in­scrits en complément : association d’insertion AIRE pour la fabrication des briques d’adobe. Les enfants ont, eux aussi, participé dans le cadre d’ate­liers pédagogiques qui ont été permis pendant deux ans après la livraison : construction d’une cabane en terre dans la cour de récréation. D’autre part, pour mettre en avant les caractéristiques du territoire, des moutons ont été installés par la commune dans le champ positionné par les paysagistes devant les classes maternelles. De plus, fraises et framboises locales sont mangées dans le restaurant scolaire. Enfin, une chau­dière bois est alimentée uniquement par les bois d’élagages de la commune. Le groupe scolaire a été pensé pour qu’il participe à ali­menter cette logique de circuit court à toutes les échelles du territoire.

Choix techniques, obstacles et solutions

Le mode constructif du nouveau bâtiment est inspiré de l’architec­ture locale et valorise les ressources du site. La terre crue extraite de la parcelle a ainsi été mise en œuvre selon différentes techniques. L’adobe : des briques de terre moulées et séchées au soleil, et la bauge : une technique de construction en terre spécifique du bassin rennais. On peut l’observer sur de nombreuses bâtisses le long du canal de Nantes à Brest. 130 T de terre ont pu être réutilisées pour les murs de l’école et les coupoles sphériques des grottes. Celles-ci sont placées à l’in­térieur des salles de classes. Elles permettent aux enfants de se retrouver et de s’isoler. L’attention portée au processus de fabrication a permis la diffusion des savoir-faire. Un chantier de formation et d’insertion a été mené autour de la terre, et des ateliers pédagogiques avec les enfants de l’école leur ont permis de fabriquer et poser leurs propres briques.

Catégorie

Equipement public scolaire / sportif

Conception

Atelier Belenfant Daubas

Ingénieur / Bureau d’études : La Terre Ferme, Airéo-Energies, ITAC Acoustique, Wigwam

Maîtrise d’ouvrage

Mairie de Bouvron

Construction

Construction Makjo, Association AIRE

Matériaux biosourcés et géosourcés

Adobe, Bauge, Enduit

Bâtiment d’activités

Pôle Terre crue - Amélie Le Paih Architecte, Atelier ALP

Contexte, site et parti architectural

Construction de deux bâtiments en terre crue porteuse et en bois autour d’une cour. Rencontre entre le monde de la maîtrise d’œuvre et de l’artisanat autour d’un projet de valorisation de la terre crue. Un bâtiment de bureau et un atelier réinterprétant les codes de l’architecture vernaculaire locale. Lieu de production, de création et de démonstration du potentiel de la terre crue.

Performance environnementale

Bâtiments en terre crue porteuse isolés sur les murs nord dans les espac­es chauffés. Chauffage bois pour utilisation de la ressource énergétique locale. Mise en œuvre de bois de pays, terre crue d’excavation, paille du secteur. Matériaux locaux à très faible impact. Performance et confort thermique.

Intégration dans le site et le territoire

Bâtiments implantés à proximité d’un monument historique sur une zone d’activité en sortie du bourg de Saint-Germain-sur-Ille. L’utilisation de la terre locale et du bois de chêne met en avant des teintes et couleurs du territoire. Une végétalisation des abords permet une intégration des bâtiments en douceur dans un contexte paysagé marqué.

Valorisation des savoir-faire et de l’économie locale

Mise en œuvre de matériaux locaux, entreprises locales, compagnons du secteur. Véritable vitrine pour les entreprises de maçonnerie et d’architec­ture, le pôle terre crue de Saint-Germain-sur-Ille participe activement à re­donner à la terre crue ses lettres de noblesse dans le bassin rennais. Con­struit en grande partie en chantier participatif, l’ensemble de bâtiments a permis de faire découvrir la construction terre crue à de très nombreux bénévoles. La mise en œuvre de la terre crue à travers de nombreuses tech­niques permet d’illustrer la souplesse et la grande capacité du matériau à répondre aux besoins de la construction (bauge, adobes, torchis, hourdis terre, dalle terre, enduits etc.). Les deux entreprises qui ont travaillé à la mise en œuvre sont au cœur d’un bas­sin d’activités mettant en avant les cultures constructives locales (bauge/ torchis - pan de bois). Elles s’associent à de nombreux acteurs de proxim­ité pour développer une pratique adaptée à la réhabilitation du pat­rimoine local en terre crue ainsi qu’à la promotion de la filière et de son potentiel de développement en construction neuve de très haute qualité.

Choix techniques, obstacles et solutions

Mise en œuvre de bauge coffrée pour l’élévation de murs périphériques por­teurs. Interprétation des solutions techniques traditionnelles, doubles carrées de chêne, charpente traditionnelle. Mise en œuvre de torchis dans murs en pans de bois. Enduits de toutes sortes (fibrés, lissés, talochés, grattés, etc.) ainsi que travail sur des solutions innovantes : plancher solivage bois, hourdis, adobes fibrées, dalle terre... Mise en œuvre de la bauge coffrée pour un gain de temps et une amélioration de la technique, foulage des mélang­es à l’aide d’animaux, utilisation des outils du monde paysan à l’instar de la pratique des bâtisseurs en terre du siècle dernier, organisation d’un chantier participatif, sollicitation de bénévoles.

Catégorie

Bâtiment d’activités

Conception

Amélie Le Paih Architecte, Atelier ALP

Maîtrise d’ouvrage

Atelier ALP / Entreprise Terre Crue G.Maetz

Construction

Entreprise Terre Crue - Ghislain Maetz, Atelier de Charpente COUET Horbowa - Guillaume Horbowa

Matériaux biosourcés et géosourcés

Adobe, Bauge, Torchis, Enduit, Autre, Plancher hourdis adobes, Chanvre, Paille

Installation artistique

Mur d’accueil pour la maison de l’enfance de Plélan-le-Grand - Atelier Totem Terre et Couleurs

Programme

Le mur d’accueil s’insère dans un projet ambitieux de la maison de l’enfance et des services de Plélan-le-Grand. Conçue par le cabi­net Menguy architectes, le projet couvre une surface de 1500 m2. Il est à ossature bois, isolé en bottes de paille. Le bâtiment est chauffé par une chaudière à granulés de bois. La commande du mur d’accueil à été traitée entre la maîtrise d’ouvrage (la mairie) et les ateliers Totem Terre et Couleurs, en lien avec Mhedi Baa du cabinet Menguy architectes.

Contexte, site et parti architectural

Le projet se situe sur la commune de Plélan-le Grand en Ille-et-Vilaine, dans le bassin rennais où la technique de construction en bauge a façonné le paysage durant des siècles. Placé dans l’accueil de la mai­son de l’enfance, le mur joue un rôle de régulateur thermique et de confort acoustique. Il se place également comme le témoin d’une tradition constructive locale en terre crue et le symbole d’un re­tour de celle-ci dans la construction contemporaine : ce mariage ori­ente sa forme architecturale. L’adobe maçonnée au mortier de terre et les courbures du mur rappelant les ouvrages en bauge érodés par le temps, inscrivent cette réalisation dans une dimension intempo­relle. Le montage des briques sans croisement des joints est un clin d’œil au jeu vidéo “Minecraft”. La juxtaposition des couleurs de bri­ques issues de terres locales, invite au mouvement et à la créativité.

Performance environnementale

Le mur, excepté son socle béton a été réalisé avec des terres locales : terres de réemploi ou issues de chantiers de terrassement à proximité. La paille de blé intégrée dans le mélange des adobes est produite par des ag­riculteurs locaux. Une fois moulées, les adobes sont séchées au soleil puis assemblées au mortier de terre. L’énergie grise utilisée pour ce mur est uniquement celle du malaxage et de l’acheminement des adobes. Constitué uniquement de terre crue, les matériaux utilisés sont recyclables à l’infini. Concernant ses performances thermiques, le mur joue le rôle de régu­lateur thermique par ses capacités de stockage et restitution de chaleur.

Intégration dans le site et le territoire

La volonté de la mairie de Plélan-le-Grand dans ce projet est de sensibilis­er la population aux matériaux biosourcés. En parallèle du projet de mur de terre, Fabrice Auvé (spécialiste de la construction terre et paille) a été missionné pour créer une animation terre auprès des enfants du cen­tre de loisirs de la commune. Ils ont pu s’initier à la fabrication des ado­bes et découvrir le plaisir de travailler la terre durant tout l’été 2018.

Valorisation des savoir-faire et de l’économie locale

Il existe dans le bassin rennais un savoir-faire lié à la restauration du patri­moine bâti en bauge ainsi que des artisans qui se sont lancés dans la construction en paille associée au matériaux terre. La maîtrise d’ouvrage a souhaité, pour ce projet de mur d’accueil ainsi que pour l’ensem­ble du bâtiment, rendre les acteurs locaux visibles et leur donner les moyens d’exercer leurs compétences dans ces nouvelles pratiques de construction plus respectueuses de l’environnement.

Choix techniques, obstacles et solutions

Le mur est constitué d’adobes - au format 50 cm 25 cm 15 cm - posées sur toute la largeur du mur, maçonnées au mortier de terre et fibres. Une semelle en béton armé a été réalisée au préalable pour une bonne reprise de charge et afin de décoller le mur de terre du sol (en préven­tion d’un dégât des eaux). Chaque adobe pèse 25 kg. Les adobes peuvent être empilées les unes sur les autres, leur propre masse assurant la stabilité de l’ouvrage. Les contraintes de planning ont orienté le choix de mur en adobes ; l’ouvrage devant être réalisé en hiver, les briques ont pu être fabriquées en été, stockées puis assemblées en décembre 2018. Il a été également choisi pour ses qualités graphiques et colorimétriques. Le parement donnant sur l’accueil a ensuite été sculpté à la pioche et à la hache puis poncé.

Catégorie

Installation artistique

Conception

Atelier Totem Terre et Couleurs

Maîtrise d’ouvrage

Mairie de Plélan-le-Grand

Construction

Atelier Totem Terre et Couleurs

Matériaux biosourcés et géosourcés

Adobe

Installation artistique

Auvent & Espaces publics gare de Dinan - F.au Fouquet Architecture et Urbanisme

Contexte, site et parti architectural

Le projet urbain dans lequel se trouve cet auvent vise à requalifier le par­vis de la gare et à créer une continuité entre le centre-ville et le quartier de l’Europe récemment aménagé. Il comprend également la requalifi­cation de l’entrée nord de la ville. Enfin, des études sont engagées pour réaliser une passerelle qui traversera les voies SNCF et reliera la future gare des bus au nord. Les lieux sont très fréquentés par des scolaires, notamment du fait des transports. Le quartier de la gare est en trans­formation et de nouveaux usages sont projetés. Les destinations ont été débattues lors de temps de concertation avec les citoyens. Le prin­cipe d’un auvent a alors été confirmé afin d’accueillir divers usages de proximité, à l’abri de la pluie et du soleil : petits marchés, rencontres ou animations festives, pauses à l’abri avec des enfants… La nécessité de se mettre à l’abri participe d’une qualité de l’espace public.

A terme, la rue qui longe les immeubles du mail Deroyer dans sa partie sud doit devenir une voie réservée aux riverains. Leurs pas de porte donneront directement sur ce jardin - ses arbres formant ombre et fraîcheur - et son abri généreux.

De plus, ce travail se développe par un ensemble de références à des constructions qui appartiennent au territoire et avec des acteurs du territoire. L’objectif est aussi de valoriser les potentiels de toutes les ressources du territoire : à la fois sur le plan formel et émotionnel en plus des matériaux locaux. De là ces volumes de terre crue sculpturales qui composent avec les potentiels de formes et de grains : géométrie tronconique régulière et lisse, forme organique et granuleuse, colonne de pisé soyeuse.

Performance environnementale

Ce qui était un lieu essentiellement déterminé par l’automobile est devenu un espace public multimodal. Les sols sont aussi perméables que possi­ble et suivent les existants au plus près pour limiter les déblais-remblais et conserver les infrastructures existantes. Les eaux pluviales sont valo­risées en surface et nourrissent les espaces dédiés au végétal. Les mobiliers sont réalisés pour une large part avec des matériaux biosourcés : roches, bois… Le sol est en stabilisé et surfaces enherbées. Le mail est un jardin et un îlot de fraîcheur. Il absorbe ainsi une large part des eaux pluviales qui sont guidées par des cunettes en surface. De plus, les pieds des habitations sont ouverts et invi­tent les riverains à y planter des végétaux qui leur correspondent.

Le projet de l'auvent s’inscrit dans cette approche d’écoconstruction sociale, mentale et matérielle. Sa charpente est constituée de deux nappes de poutres bois, en Douglas lamellé-collé, et d’entretoises de hauteurs variables. Elle repose à 4m du sol sur des volumes de terre crue. La partie haute intègre des pentes et un monofilm en ETFE qui guide l’eau jusqu’aux pieds des arbres qui traversent la structure.

Intégration dans le site et le territoire

La terre, les matières vivantes, sont présentes dans la ville et le territoire. On y trouve nombre d’édifices en terre crue, des fermes en bauge.

Le centre-ville de Dinan et le territoire se caractérisent également par une forte présence d’ambiances “terreuses“ : couleurs et teintes des édifices, sols et chemins, sable du littoral et roches jaunes.

Valorisation des savoir-faire et de l’économie locale

La terre provient de Saint-Juvat, dans l’arrière-pays de Dinan. Elle a été récoltée, préparée et travaillée par une entreprise locale avec l’aide de quelques engins mécaniques. Les éléments de structure bois de l’auvent sont préfabriqués et découpés en usine, à 2 heures du chantier, puis assemblés et levés par grutage sur site. Les entreprises qui ont levé la terre, ALP et O. Galand, ont proposé, avec F.au, des actions pédagogiques à destination des habitants, des services et élus et des jeunes publics. La valorisation du savoir-faire et de l’économie locale in­vite à construire une esthétique environnementale de l’architecture.

Choix techniques, obstacles et solutions

La structure est composée d’une résille haute, posée d’un côté sur des piétements et, de l’autre, sur un poteau bois. Le second ensemble est formé de bases en terre crue. Les volumes sont en bauge, le poteau en pisé. Pour ces derniers, la difficulté fut surtout de trouver le chemin qui permit de faire que des artisans, plutôt coutumiers des marchés privés, interviennent en marché public. Sur ce point, le rôle d’ALP com­me intermédiaire fut essentiel, en phase de consultation et sur toute la durée du chantier. L’un des enjeux était donc de souligner ce savoir-faire présent à Dinan et dans le territoire, d’en faire la promotion auprès des acteurs, de convaincre que construire avec un matériau qui vient de Saint-Juvat, à 10km, c’est s’engager dans une construction d’avenir.

Catégorie

Installation artistique

Conception

F.au Fouquet Architecture et Urbanisme

Ingénieur / Bureau d’études : LEICHT

Maîtrise d’ouvrage

Ville de Dinan

Construction

Olivier Galand et High Point

Matériaux biosourcés et géosourcés

Pisé, Bauge

Projet Pédagogique

Le petit grand chantier – Direction recherche et innovation, ville de Rosny-sous-Bois

Contexte, site et parti architectural

Le Petit Grand Chantier est un projet d’architecture frugal expérimen­tal. Il s’agit d’un local de stockage de jeux extérieurs attenant au centre de loisirs Jacques Chirac. Le projet est à l’initiative de la Direction Re­cherche Innovation de Rosny-sous-Bois : une équipe de maîtrise d’œuvre interne exclusivement dédiée à la conception et la réalisation des bâtiments scolaires de la ville depuis 2010. En tant que service public, sa mission est avant tout de préserver et tenter d’améliorer le bien com­mun qu’est notre écosystème physique et social aujourd’hui largement dégradé. La Direction Recherche Innovation imagine des bâtiments qui détruisent le moins possible le peu de ressources qui nous restent à partager sur terre, tout en créant une architecture de liens. Le local est composé d’une seule pièce, à la fois accessible depuis le centre de loi­sirs ou depuis la cour de l’école maternelle. Il répond à plusieurs beso­ins : ranger les jeux, les vélos, stocker les bûches pour le poêle de masse du centre de loisirs, offrir une surface d’assise aux enfants.

Performance environnementale

Expérimentations constructives et pédagogiques, systèmes construc­tifs low-tech innovants testés à petite échelle en vue de les mettre en œuvre dans les prochains projets d’école. D’abord, les fondations sont biosourcées, per­mettant d’utiliser des matériaux de réemploi : pieux bois associés à des fondations cyclopéennes. Ensuite, la maçonnerie terre crue porteuse est réalisée avec des briques d’adobe. Enfin, la charpente traditionnelle multi-essences est travaillée de l’arbre à la poutre grâce à des outils de basse technologie : pins sylvestres ‘‘du jardin’’, abattus sur le site du centre de loisirs Jacques Chirac avant sa construction puis équarris à la hache ; pièces de merisier et de chêne en provenance d’une scierie artisanale normande, surplus de pieux bois en robinier.

Valorisation des savoir-faire et de l’économie locale

La dimension culturelle liée à l’acte de construire : un chantier école : 12 femmes en réinsertion professionnelle. Une participation citoyenne... féminine ! 50 bénévoles sur l’atelier de fabrication de 3000 adobes ; 60 bénévoles sur le chantier de charpente traditionnelle encadrés par Jesse O’Scanlan le charpentier volant, un artisan indépendant et militant pour le low-tech ; 40 bénévoles sur le chantier de maçonnerie terre crue, encadrés par Frédérique Jonnard, architecte et artisane spécialisée dans la terre crue.

Près de 80% de participantes parmi les personnes impliquées dont une grande majorité d’architectes (étudiant(e)s, en exercice ou professeur(e)), des ingénieur(e)s, urbanistes, de­signers, apprenti(e)s charpentières et charpentiers, artisan(e)s... mais aussi des habitants curieux, retraités ou bricoleurs, des comédiennes, une éditrice, un anthropologue, une pharmacienne, un demandeur d’asile... Ateliers avec les enfants : fabrication de briques d’adobe, d’un abri à hérisson, d’un hô­tel à insectes à la suite d’une sortie de pédagogie par la nature en forêt, atelier écorçage de grumes, chantier de maçonnerie terre crue... INTENSITÉ SOCIALE... ou comment opérer un certain déplacement culturel quant à la production collective d’un bâtiment grâce à l’abondance des autres ?

Estime de soi, autonomisation, émancipation, utilité sociale, mémoire collective, coopération, mise en valeur du travail des femmes en réin­sertion professionnelle par le regard des équipes de bénévoles venues leur prêter main forte. Le processus de construction devient ainsi tout aussi important que le résultat architectural formel.

Choix techniques, obstacles et solutions

Fondations cyclopéennes : peu exigeantes en qualité de pierre. Utili­sation de pierres de réemploi, débris de carrière, béton concassé ou fragment de briques cuites. 12 femmes en réinsertion professionnelle + 40 bénévoles + ateliers maçonnerie avec 20 enfants du centre de loisirs, encadrés par Frédérique Jonnard, Kévin Berger et Awa Niakate. Sou­bassement et assises briques de terre cuites sans ciment, remplissage pouzzolane + cailloux. Murs d’adobes porteurs avec 2400 briques de terre crue non stabilisées, fabriquées lors de chantiers participatifs avec des enfants et des bénévoles, provenance terre : Isère. Dernier rang briques de terre cuites + glacis en chaux ; provenance briques : Oise. Charpente à la main avec les arbres du jardin. 60 bénévoles encadrés par Jesse O’Scanlan, le Charpentier Volant. Poteau central pin sylvestre ; contre­fiches robinier ; sablière pin sylvestre ; arêtiers, sablières, pannes, blo­chets chêne ; assemblages bois-bois avec chevilles robinier, chevrons merisier. Couverture bardeaux sciés châtaignier. Atelier de fabrication d’un abri à hérissons avec 10 enfants du centre de loisirs et d’un grand hôtel à insectes avec plus de 80 enfants de l’école, précédé de sorties de pédagogie par la nature en forêt.

Catégorie

Projet Pédagogique

Conception

Direction recherche et innovation, ville de Rosny-sous-Bois

Maîtrise d’ouvrage

Ville de Rosny-sous-Bois

Construction

Frédérique Jonnard, Jesse O’Scanlan

Matériaux biosourcés et géosourcés

Adobe, Bois

Réhabilitation

La Bédoyère, Réhabilitation d’une ancienne cidrerie - Amélie Le Paih, Atelier ALP

Contexte, site et parti architectural

Cette ancienne cidrerie en bauge a été transformée en maison de fa­mille de façon douce pour lui redonner tout son charme en la ren­dant lumineuse et fonctionnelle. Les travaux ont porté sur l’aménage­ment de 4 chambres confortables et lumineuses ainsi que d’un salon séjour à l’Est. La façade principale a été entretenue par la pose d’un enduit de terre avec stabilisation organique pour un aspect naturel.

Performance environnementale

Mise en œuvre d’un correcteur thermique terre chanvre qui respecte le caractère perspirant des murs en terre porteurs. Maximisation des apports solaires pour une approche bioclimatique de la réhabilitation. Isolation des planchers haut et bas en laine/fibre de bois. Chauffage au bois au centre de l’habitation pour un effet de rayonnement optimisé.

Valorisation des savoir-faire et de l’économie locale

Ce bâtiment, inscrit au patrimoine d’intérêt local de la commune de Saint-Gilles à l’Ouest de Rennes, a été peu modifié au 20ème siècle et donc préservé des enduits au ciment. Le choix des matériaux, la mise en valeur des éléments de modénature, le respect des teintes et l’util­isation intelligente des ressources locales redonne à cette bâtisse son charme d’antan. De par le respect des teintes, l’affirmation des vol­umes existants, cette longère participe à la construction du paysage. Elle se fond dans son écrin végétal comme si elle traversait les siècles serein­ement.

Valorisation des savoir-faire et de l’économie locale. Travail avec des entreprises locales rodées aux techniques artisanales et à l’utilisation des matériaux naturels. Entreprise de charpente traditionnelle et maçon spé­cialiste de la terre crue. Toutes les entreprises participantes sont implantées sur le secteur. Les matériaux sont de provenance locale pour la plupart.

Choix techniques, obstacles et solutions

Le bon sens a imposé des solutions sobres. Les planchers sur cave et sous combles ont été isolés tandis que les murs de terre ont reçu un en­duit extérieur et un correcteur thermique intérieur. Les ouvertures ont été ménagées par des doubles carrées de chêne à l’image des techniques pra­tiquées localement sur le bâti en bauge. Affaissement localisé au niveau du conduit de cheminée sur le pignon est, reprise des descentes de charge par un arc de décharge en adobes au-dessus de la carrée horizontale.

Réhabilitation

Installation artistique

Conception

Amélie Le Paih, Atelier ALP

Maîtrise d’ouvrage

Maitrise d’ouvrage Privée

Construction

Terre Crue Ghislain Maetz

Matériaux biosourcés et géosourcés

Adobe, Bauge, Enduit, Chanvre, Lin, Paille

Enduit

Coopérative d’habitants de Chamarel - Arketype Studio Architectes SARL

Contexte, site et parti architectural

Ce projet est porté par une structure originale de promotion directe : à l’origine, quelques amis décident de créer un lieu de vie pour les 3e, 4e et 5e âges, pour leur permettre de prendre leur vieillesse en main, dans la continuité de leurs vies personnelles et professionnelles : engagement social, culturel et politique, travail d’équipe, coopération.

En décembre 2012, ce groupe informel devenu association, crée la SAS coopéra­tive Chamarel « Les Barges ». Celle-ci a choisi son équipe de maîtrise d’œuvre, fait construire et géré, à Vaulx-en-Velin, l’immeuble réalisé.

La coopérative met en pratique à l’occasion de ce projet des valeurs de mutualisation et d’entraide, ainsi qu’un mode constructif ambitieux : structure mixte bois et béton, isolants en matériaux bio et géosourcés (paille et terre) et énergies renouvelables. L’architecte a travaillé dès le début avec la douzaine de personnes composant le groupe. L’ambition du groupe était de produire un bâtiment exemplaire, économiquement viable et reproductible. Plusieurs des membres se sont formés aux techniques d’écoconstruction avec l’association Oïkos : c’est donc en connaissance de cause que le choix de l’isolant paille en support des enduits terre s’est imposé au cours des études de projet.

Performance environnementale

Le bâtiment est labelisé Habitat & Environnement par le CERQUAL. Le con­fort acoustique est très bon et reposant, grâce aux matériaux employés comme la terre, la paille et le bois. Tous les appartements sont tra­versants, orientés Sud-Est ou Sud-Ouest et très lumineux. Le confort thermique est d’un haut niveau, surtout compte tenu de l’ap­port lumineux important. Les 4 coursives, desservant chacune quatre ap­partements, jouent pleinement leur rôle de tampon thermique. L’hiv­er, leur température est d’environ 10°C au-dessus de la température extérieure. En été, elle est d’environ 10°C inférieure à la température ex­térieure, beaucoup d’habitants laissent leur porte ouverte pour bénéficier « de cette petite fraîcheur ». L’eau de pluie collectée par les toitures arrive dans 4 puits perdus et non dans les égouts. Le coût des enduits intérieurs terre représente 35 457 €TTC soit 1,95% du coût total de la construction.

Valorisation des savoir-faire et de l’économie locale

L’immeuble a accueilli plus de 600 visiteurs pendant la durée du chantier et cela se poursuit, l’immeuble achevé. A l’occasion de ces visites, les habitants eux-mêmes, et c’était bien leur idée de départ, font la promotion des solutions constructives mises en œuvre. Emplois de matériaux bas carbone et locaux par des entreprises qualifiées pro-paille : utilisation de la terre issue des fouilles du chantier pour les enduits projetés sur la paille. Toutes les bottes de pailles (980 bottes mises en œuvre) sont d’origine drômoise (Montrigaud). Les entreprises retenues sont toutes des PME et de la région Rhône-Alpes.

Choix techniques, obstacles et solutions

Les murs périphériques des appartements sont constitués, de l’extérieur vers l’intérieur : bardage tuile ou panneau composite (pose sur litellage, ventilé), ossature bois (10 cm), support des menuiseries (pose en tunnel dans cadre CLT 6cm) accroché sur les nez de dalle béton, botte de paille (37 cm), enduit terre (4 cm), surface enduite : 312 m2 ; durée de mise en œuvre : 42 jours.

L’enduit a été fabriqué à partir de la terre sélectionnée sur place, amendée de sable rouge de Royans. Pas de chaux ni de pigment autre que le sable : le rendu est magnifique. L’accroche de l’enduit a été testé suivant les règles professionnelles de la construction en paille avec succès. Les difficultés pour monter l’enduit dans les étages avec la pompe a été solutionné par grutage des seaux. Les travaux étaient plutôt menés par micro chantier par appartement : suivant l’orientation des murs, le temps de séchage était assez différent. Ponctuellement, le séchage a pu être accéléré à l’aide de ventilateurs. Au final, peu de fissures entre enduit et poteau ou dalle béton, les plus gros retraits constatés étaient au niveau du plafond plâtre du dernier niveau. L’entreprise a suivi la re­prise de ces fissures et les clients ont été formés pour faire ensuite les retouches éventuelles en cas d’accident, avec un stock de terre prêt à l'emploi.

Catégorie

Enduit

Conception

Arketype Studio Architectes SARL

Maîtrise d’ouvrage

SAS Chamarel “les Barges”

Construction

Hervé Martineau eurl

Matériaux biosourcés et géosourcés

Murs en paille + 312m² enduit terre projeté manuellement sur les bottes de paille avec une épaisseur finie de 3 à 4 cm

Prix spécial du jury pour l'ensemble de son oeuvre

Sylvie WHEELER